Cancer et Transidentité (2013-2014)
La question transidentitaire est, depuis peu, rentrée dans les préoccupations des sciences humaines (Hérault 2004, Espineira 2008). Si l’observation s’est d’abord faite du point de vue du « mouvement social trans’ », les dernières publications tendent à relier les transitions individuelles et les questions de santé publique (Giami 2011, Bujon 2013). De la sorte, l’analyse des transitions est passée d’une question causale (pourquoi transitionner ?) à des interrogations plus pragmatiques quant aux ressources mobilisables durant la transition (Alessandrin, 2012). Ces recherches ont mis à jour quantité d’angles morts sur la santé des personnes en transition (Espineira et al 2012 ; Giami 2012).
L’un d’entre eux est sans nul doute la question du cancer. Si quelques rares études (Walters, 2012) attestent de la sur-exposition des personnes trans’ à des pratiques à risques, nous ne connaissons pas grand-chose des effets iatrogènes des protocoles endocriniens et chirurgicaux (IGAS, 2011) ni même les éléments préventifs mis à disposition de cette population. En France tout du moins, car des pistes de recherches ont déjà été publiées à l’étranger (Ganly 1995, Israel 1997, Dizon 2006, Ashbee 2006). Cette recherche tentera à cet égard, de combler le déficit de connaissances en proposant de :
1/cerner les conditions sociales qui rendent possibles la prise en compte et la prise en charge du risque cancer dans la population trans’ ;
2/décrire les pratiques des soins qui les accompagnent et analyser les processus de négociation soignants/soignés qui les supportent ;
3/comprendre et étudier les effets de l’arrivée de cette « nouvelle population à risque » sur l’organisation et le contenu des soins.
Elaborer ce triple objectif revient à examiner comment l’identité trans’ intervient dans l’histoire de la maladie cancéreuse et ceci à trois niveaux :
• comment cette identité genrée concourt à la construction sociale des facteurs de risque d’exposition à certains cancers ;
• intervient comme composante d’action en réponse à la maladie diagnostiquée et aux effets iatrogènes du traitement ;
• et enfin, contribue à la gestion des interactions soignants/soignés et aux enjeux de dominance et d’asymétrie qui en découlent (Meidani 2008).
Cette recherche donne lieu à une Journée d’Etude en septembre 2014 intitulée « Cancers et transidentés » : programme